De nouveaux acteurs émergent sur le marché de l'agriculture biologique en raison de son succès. Certains maraîchers construisent des serres géantes chauffées au gaz pour pouvoir faire pousser des légumes toute l'année, tout en assurant respecter la charte européenne du bio. Les producteurs locaux sont vent debout contre ces pratiques qui constituent une abérration écologique face à l'urgence climatique. Selon l'ADEME, le bilan carbone d'une tomate produite sous serre chauffée est 8 fois plus élevé que celui d'une tomate de saison. Les agriculteurs bio interpellent les pouvoirs publics, d'autant plus que la FNSEA s'est positionné en faveur de ce type de culture. Damien CHIRON, agriculteur bio la Ferme du Limeur et Audrey LACROIX, co-présidente des agriculteurs Bio 44 développent leurs arguments.
La labelisation des produits issus de l'agriculture biologique a des limites. D'une part, la certification délivrée par les contrôleurs français n'est pas toujours à la hauteur des exigences. Pour Patrick HERMAN, agriculteur bio, et auteur de "La bio, entre business et projet de société", la certification bio est devenu un simple outil marketing à destination des consommateurs. D'autres part, environ 30% des produits bio vendus en France proviennent d'importantions, selon les chiffres de 2012. Or les pays producteurs, hors Union Européenne, ont leur propre cahier des charges, qui est souvent moins exigeant et apporte moins de garantie que la réglementation européenne.
Des éleveurs de volailles bio ont été victimes d'une escroquerie. Le fournisseur de soja, servant à l'alimentation des animaux, a ajouté de la mélamine aux tourteaux pour augmenter ses bénéfices. Un millier de tonne de soja frelaté a été consommé par les volailles dans la région des Pays de Loire. Les 127 éleveurs concernés se sont inquiétés pour le bien être de leurs animaux et des effets possible sur la santé des consommateurs. Les autorités sanitaires se veulent rassurantes, mais le scandale a choqué la profession. Christophe COUROUSSE, le directeur de communication de la coopérative Terrena et Loïc ROCHARD, président des éleveurs bio des Deux Sèvres témoignent.
Les agriculteurs souhaitant se reconvertir en bio rencontrent des difficultés, notamment financières. Rencontre avec Simon et Karine Thierry. Gérer une exploitation agricole suppose de gérer des dettes et une comptabilité complexe. Abandonner la culture conventionnelle exige un effort et implique un risque financier, malgré l'existence de subventions. La conversion et la certification prennent du temps, sachant que les deux premières récoltes sont vendues dans le circuit conventionnel. Les aléas des récoltes, un rendement plus faible, le remboursement des emprunts, le respect du quota betteravier propre à la ferme, les problèmes de débouchés pour la vente sont, pour ce couple de paysans, autant de freins à s'engager pleinement dans l'agriculture biologique.
L'envers de l'industrialisation de l'agriculture biologique. En Espagne, les exploitations maraîchères inscrites en agriculture biologique font travailler pour des salaires de misère et dans des conditions de travail désastreuses de la main d'oeuvre étrangère, de la même manière que les exploitations intensives conventionnelles. Amadou, un ouvrier agricole, témoigne : en plein été à 45 dégrés "quand il y a beaucoup de soleil, les gens tombent". Les travailleurs sont mal payés et logés dans des bidonvilles. Ces exploitations puisent sans aucune limite dans les lacs et les cours d'eau de la région. Pour Felipe FUENTELSAZ, militant du WWF Espagne, l'esprit du bio a été détournée par la société de consommation