[Source : prompteur France 3] Le scandale du Chlordécone fera-t-il l'objet d'une prescription?.. C'est ce qu'a sous-entendu le procureur de Paris, Rémi HEITZ, lors d'une interview... De quoi faire réagir les parties civiles lancées dans une bataille judiciaire depuis 15 ans... Cet insecticide, hautement toxique, a contaminé plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique... Thomas CUNY et nos équipes en Outremer
Aux Antilles, Emmanuel Macron a créé la surprise. Il souhaite la reconnaissance comme maladie professionnelle pour les agriculteurs de la contamination au chlordécone. Ce pesticide, utilisé dans les bananeraies jusqu'en 1993, a empoisonné les cultures et l'eau, pour des siècles. L'Etat français était accusé de fermer les yeux alors que le nombre de cancers de la prostate a explosé. Utilisé pendant 20 ans dans les bananeraies pour éliminer le charençon, le chlordécone aété interdit en 1993, 17 ans après les Etats-Unis, il est soupçonné d'être à l'origine d'accouchements prématurés, de retards de développement et de l'explosion du nombre de cancers de la prostate. En annonçant la possible reconnaissance comme maladie professionnelle l'exposition au chlordécone, le président de la République ouvre la voie à une indemnisation des ouvriers agricoles victimes de l'insecticide. - François DESRIAUX, rédacteur en chef du magazine "Santé et Travail" : "les gens vont devoir construire des dossiers de maladie professionnelle en fonction de ce qu'il y aura dans le tableau de maladies professionnelles et ensuite ils feront valoir devant la Sécurité sociale ou ses tribunaux le fait qu'ils ont été contaminés et que leur pathologie rentre dans ce cadre." On ignore pour le moment quelles seront les pathologies concernées et les indemnisations. - Maître François LAFFORGUE, avocat de victimes : "les victimes, ce sont les exploitants agricoles que nous défendons, atteints de pathologies telles que le cancer de la prostate ou de la vessie et il y a les victimes environnementales, les riverains qui ont contracté des pathologies en lien avec le chlordécone et on va agir aussi pour ceux-là." Aujourd'hui, près de 95% des habitants de Martinique et de Guadeloupe sont contaminés par le chlordécone mais le chef d'état s'est dit opposé à une indemnisation générale de la population antillaise.
La France reste l'un des principaux pays utilisateurs de pesticides dans l'agriculture : 70 000 tonnes par an malgré l'impact sur l'environnement et les risques pour la santé. Aux Antilles le chlordécone, utilisé pendant des décennies, est à l'origine de cancers et de maladies graves. Des terres entières ont été polluées. Les dégâts de ce pesticide sont encore loin d'être définitivement évalués. Au centre hospitalier de Pointe-à-Pitre, des malades atteints du cancer de la prostate. Le nombre de ces patients accueillis chaque année par le professeur Pascal BLANCHET et son équipe est exceptionnel. Les Antilles détiendraient le record mondial de cancer de la prostate. La cause de ce mal est le chlordécone, pesticide utilisé dans les bananeraies jusqu'au milieu des années 2000. Les conséquences sanitaires et écologiques seraient quasi-irrémédiables. - Corinne LEPAGE : "Beaucoup de malades et beaucoup de morts, des coûts considérables pour la Sécurité Sociale et des terres incultes pour des dizaines et des dizaines d'années". Les bébés seraient également victimes du chlordécone qui déclencherait chez eux des troubles psychomoteurs, sauf en cas d'allaitement. Les chercheurs s'inquiètent de la possible persistance de ces troubles. - Dr Luc MULTIGNER, chercheur à l'INSERM : "vont-ils s'atténuer ou bien au contraire augmenter et avoir une manifestation clinique plus importante ?" A la demande des planteurs de bananes, le gouvernement a autorisé par dérogation l'épandage aérien de pesticides aux Antilles alors qu'il est interdit en France depuis 2010. Une question embarrassante pour le gouvernement à la conférence environnementale - Stéphane LE FOLL, ministre de l'agriculture : "On va travailler rapidement pour faire en sorte qu'on finisse par abandonner ce qui est un risque pour la santé et ce qui doit être limité dans l'immédiat et abandonné à moyen terme." Alerté par les cancérologues, le conseil de l'ordre des médecins de la Martinique a émis un avis défavorable à ces épandages. - Le Pr Dominique BELPOMME directeur de l'Institut de recherche européen sur le cancer : "il y a d'autres pesticides qui ont été retirés du marché américain parce qu'ils sont hautement toxiques. On a arrêté le chlordécone, mais on recommence de la même façon à polluer ces îles." Pour les eaux et les sols pollués au chlordécone, une solution pérenne est encore bien loin d'être trouvée.
Selon le cancérologue Dominique BELPOMME, l'utilisation massive de pesticides dans les exploitations agricoles à la Martinique et en Guadeloupe serait responsable d'un "désastre sanitaire". Suite à cette expertise, il va demander une enquête. Pour Dominique BELPOMME, l'utilisation du chlordécone, un insecticide utilisé de façon massive dans les bananeraies jusqu'en 1993, serait à l'origine de problèmes de santé anormalement élevés dans les Antilles françaises. Le professeur soupçonne en particulier ce produit d'être responsable de cancers de la prostate et de troubles de la fertilité. Mais pour l'instant, aucune enquête épidémiologique n'a pu établir de rapport entre le chlordécone et les maladies qui frappent les Antilles. Luc MULTIGNER, chercheur à l'INSERM, estime en revanche que les niveaux d'exposition de la population antillaise ne sont pas à risques : les concentrations en chlordécone dans le sang sont faibles. Commentaire sur images d'illustration alternant avec les interviews de Dominique BELPOMME et Luc MULTIGNER.
[Source : prompteur France 3] "Non à l'impunité"... Des milliers de personnes ont manifesté, hier en Martinique contre la menace de prescription dans le dossier sensible du CHLOR DÉCONE... Il s'agit de cet INSECTICIDE cancérogène qui aurait contaminé 90 pour cent de la population antillaise... On fait le point avec Hugues HUET et nos confrères de Martinique La Première
Neuf Antillais sur dix seraient contaminés au Chlordécone, un insectiside utilisé contre le charençon dans les bananeraies des Antilles de 1973 à 1993 et qui continue de polluer les sols. Témoignage d'un ouvrier agricole guadeloupéen à la retraite, Claude JAFFARD, qui a manipulé à mains nues l'insectiside dans les bananeraies : "On prenait la poudre et on la mettait comme ça au pied des bananiers. On nous donnait des masques, mais personne ne les mettait. On en respirait plein." A l'époque, personne ne l'a prévenu du risque. A 73 ans, il a un cancer de la prostate. Il accuse l'Etat qui a autorisé ce produit : "Si dès le départ il avait été interdit, personne n'aurait pu l'utiliser. J'ai été empoisonné et ça me tue à petit feu."
Les Antilles françaises détiennent le record mondial du cancer de la prostate. Selon le professeur Pascal BLANCHET, urologue au CHU pointe-à-Pitre, il y a un lien entre le Chlordécone et l'explosion du nombre de cancers : "On double son risque d'avoir cette maladie lorsque le taux de Chlordécone dans le sang dépasse un microgramme par litre de sang." Les médecins s'inquiètent aussi des troubles chez les nourrissons qui ont absorbé du Chlordécone via l'alimentation et qui présentent des retards de motricité qui pourraient s'aggraver en grandissant. Luc MULTIGNER, chercheur à l'Inserm : "On suspecte qu'il puisse entraîner des effets sur d'autres aspects du développement, poser éventuellement des problèmes d'obésité." Illustration : Images de deux consultations médicales.
Dans les Antilles françaises, le Chlordécone a été utilisé comme insectiside pour éliminer le charençon de 1973 à 1993. Au Lamentin, en Martinique, Louis BOUTRIN, juriste et président de Martinique Ecologie dénonce la pollution des cours d'eau de l'île et l'inaction des pouvoirs publics qui connaissaient pourtant les risques encourus depuis 1990. Il a porté plainte contre l'Etat qui a protégé le lobby de la banane au détriment de la santé des Martiniquais qui consommaient l'eau polluée des rivières. Il cite nommément les ministres Jean Pierre SOISSON, Louis MERMAZ et Henri NALLET qui ont donné une dérogation à l'interdiction du chlordécone.