La réforme des études médicales suscite la controverse, alors que le projet de loi du gouvernement n'a pas encore été rendu public et sera à l'ordre du jour d'un prochain conseil des ministres. A la fin de l'année dernière, Madame Veil, ministre de la Santé, lorsqu'elle a présenté les mesures globales pour redresser durablement les comptes de la Sécurité sociale, avait parlé de la stabilisation du nombre des médecins. En 1982 il y aura un médecin pour 370 habitants et nous aurons atteint le plus haut niveau de densité médicale en Europe. Il paraît possible de s'en tenir là, disait-elle, et donc de réduire sensiblement dès maintenant le nombre des étudiants admis en seconde année de faculté. Depuis, le projet de réforme des études médicales a fait son chemin. Ses grandes lignes ne font pas l'affaire des étudiants en médecine et ils manifestaient aujourd'hui à Paris. Trois grands noms de la médecine, les professeurs SCHWARTZENBERG, MINKOWSKI et MILLIEZ se sont inquiétés de l'absence de concertation avant l'élaboration de ce projet de loi. Ils tiennent à sonner l'alarme parce que si la préoccupation principale est de diminuer le nombre de médecins à tout prix pour réduire les coûts de la Sécurité sociale, ces calculs ne sont pas admissibles en toute conscience. La réforme des études médicales porte sur l'ensemble des cycles terminaux, elle concerne les généralistes et les spécialistes. Elle a pour ambition de faire de la médecine un véritable service public dont le recrutement et les modes de formation dépendront de plus en plus des besoins de la population. La sélection sera renforcée, la proportion de spécialistes diminuera ainsi que les effectifs de certaines disciplines (psychiatrie ou chirurgie). Pour le ministère des universités, cette réforme qui concernera en priorité 36 000 étudiants réhabilitera l'enseignement. Elle améliorera les relations entre spécialistes et généralistes et permettra en rallongeant les études d'un an de diminuer le nombre de médecins de ville et donc de prescripteurs de dépenses médicales. Tous ces arguments sont réfutés par les organisations étudiantes qui considèrent que cette réforme tend à aménager une caste de spécialistes. Elle aménage les études mais ne tient pas compte des programmes. Le conseil de l'Ordre approuvant cette réforme, quel poids auront les professeurs hostiles à ce projet ?
Les études de médecine sont réputées pour être parmi les plus difficiles en France. A Poitiers les étudiants viennent de faire leur rentrée, les effectifs sont stables malgré la réforme. Pour la première fois cette année, un tronc commun à toutes les professions de santé est mis en place pour le premier trimestre. La sélection s'effectuera très tôt, lors des premiers examens avent Noël. A la faculté de médecine de Poitiers, ils sont comme l'an dernier, 1300 inscrits, cette fois en première année commune des études de santé, la PACES, tel est le nom de cette réforme mise en place. Dans l'amphithéâtre, 650 étudiants assistent au cours le matin, autant l'après-midi en vidéo. La nouveauté, c'est que pour préparer un diplôme de médecin, de kiné, de chirurgien dentaire de sage-femme ou de pharmacien les étudiants suivent au premier semestre un enseignement commun qui ne sera spécifique qu'au second. Michel MORICHAU-BEAUCHANT, doyen de la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers : "l'idée de ce décret c'est de faire un premier barrage pour que les étudiants, lorsqu'ils voient qu'ils n'ont pas les connaissances nécessaires, on puisse très vite les réorienter dans d'autres composantes." Judith DESSE et Charlotte BRUGEROLLE, étudiantes en 1ère année de médecine trouvent que c'est une bonne chose. Eviter les choix par défaut, faciliter la réorientation font partie des objectifs fixés par une loi qui s'appliquera aussi aux étudiants inscrits en pharmacie. Marie-Paule JOUANNETAUD, vice-doyen de la faculté directrice de la section pharmacie : "l'intérêt pour les étudiants en pharmacie c'est que s'ils voient que d'autres carrière de santé les intéressent plus, ils peuvent changer d'orientation en cours d'année sans être obligés de refaire une année. Ca leur donne une ouverture sur toutes les professions de santé." La loi n'autorisera plus les étudiants à redoubler dans la foulée s'ils n'ont pas obtenu un certain classement.
Le concours à la fin de la première année de médecine est très sélectif et impose une pression énorme aux candidats. 55% des élèves ont recours à des prépas privées en plus des cours pour optimiser leur chance. En face les universités essayent de répondre à ce besoin en proposant quelques heures de tutorat par semaine avec des étudiants de troisième années. Rencontre avec Paul et Lucas deux étudiants de première année à Nantes
A Paris, manifestation des étudiants en médecine contre la sélection qui intervient juste après la première année. images de la manifestation et interview d'un étudiant.
Explications sur animations de la nouvelle sélection pour les étudiants en médecine de la loi du 7 novembre 1968. Désormais, le nombre des étudiants en médecine sera calculé d'après le nombre de lits d'enseignement disponibles dans les hôpitaux. La sélection permettrait une augmentation "raisonnable" des praticiens en France. Celle-ci se fera entre à la fin de la première année. Interview du professeur MILLIEZ qui est contre.
Les étudiants en première année de médecine subissent un concours de sélection. A Rennes, ils sont 1000 à se présenter et seuls 10% seront reçus. Ceux qui veulent entrer dans le système sont pris dans l'étau du numérus clausus. Microtrottoir d'étudiants de première année, candidats au concours et interview de Claude RIOUX, doyen.