Au Mémorial des reporters de guerre de Bayeux (Calvados), depuis 1994, au pied de la cathédrale, se déroule le rassemblement des correspondants de guerre de France pour rendre hommage à cette profession aussi indispensable en démocratie que dangereuse... Déclaration de Christophe Deloire, directeur général de "Reporters sans frontières", interview d'Edith Bouvier, grand reporter au Figaro, et de Lucas Menget, journaliste et ami de Gilles Jacquier, tué le 11 Janvier 2012 à Homs, en Syrie, durant un reportage : "On vit avec le souvenir de ses amis morts à la guerre, le souvenir de ce qu'ils nous ont appris, transmis, et de ce que, dans leur mort, ils continuent de transmettre et apprendre à d'autres générations de journalistes et au grand public..."
Depuis la guerre du Golfe, en 1991, une nouvelle tendance est apparue dans le reportage de guerre, celle des journalistes "embarqués" ("embedded") avec les unités militaires, sur les différentes lignes de front. Aujourd'hui, c'est essentiellement en Afghanistan que s'exerce ce métier très risqué... Explications de Nicolas Poincaré, ancien reporter de guerre, et de Christophe Prazuck, porte-parole de l'état-major des armées françaises.
Brice Fleutiaux, photographe français détenu pendant 8 mois et demi en Tchétchénie par un groupe rebelle, s'est suicidé. Depuis son retour, le jeune reporter avait des difficultés à retrouver son équilibre après la terrible épreuve qu'il avait vécue, et était dans un état dépressif grave, notamment après l'écriture d'un livre de témoignage où il racontait sa détention. Images d'archives, et interviews de B. Fleutiaux et de Robert Ménard (Reporters sans frontières).
Sur les différentes zones de guerre, les journalistes ont de plus en plus de mal à rendre compte de la situation, tellement celle-ci est parfois confuse. C'est notamment le cas en Syrie où la violence s'exerce entre armée gouvernementale, différentes factions armées alliées ou rivales, et groupes mafieux, sans compter les risques d'enlèvement pour les reporters occidentaux, pris souvent entre deux feux. Témoignage de deux journalistes suédois, Niclas Hammarstrom et Magnus Falkehed, de retour en France, après avoir été retenus en otages en Syrie : "C'est quasiment impossible de travailler pour des gens blonds comme nous... Tout est devenu un tel chaos, les groupes se mélangent entre eux... On ne sait plus qui est qui...". Archives extraits de reportages de guerre.
A Brazzaville (Congo), retour sur la guerre civile et ses atrocités, avec les témoignages de Morad Ait Habbouche et Christian de Carné, journalistes-reporters de guerre, qui relatent leurs souvenirs sur le terrain : "Je n'en suis pas sorti intact... Aujourd'hui encore, parfois dans mon sommeil, je revis certaines scènes de ces 15 jours passés à Brazzaville, et c'était très, très difficile..."
Témoignage de Caroline Sinz, grand reporter sur France 3, qui parle de son vécu de correspondante de guerre et de la psychologie qui l'anime, notamment durant ses reportages en Irak, en 2003, lors de l'intervention américaine : "On a envie d'y retourner, de raconter cette histoire... Si je n'avais pas mon mari, mes enfants, j'aimerais y être tous les jours, vivre aux côtés de ces gens à qui on a dit qu'on allait leur offrir la liberté, et qui sont morts pour cette liberté à laquelle ils rêvent toujours... On a envie que l'on s'intéresse à ce que l'on raconte, et moi j'ai envie que les jeunes s'intéressent à ce que je raconte..."
Caroline Sinz, journaliste à la rédaction nationale de France 3, qui a couvert la guerre en Irak en 2003, témoigne des conditions de travail (notamment pour une femme...) avec ses collègues, Salah Agrabi et Christian de Carné : "Cette union fait notre force là-bas sur le terrain, parce qu'il faut être extrêmement soudés, si on n'est pas soudés, tout peut exploser très vite... Il faut arriver à réagir au même moment, au même instant, à n'importe quel danger..." Son interview est entrecoupée d'extraits d'un de ses reportages sur place.
Interviewée, Catherine Leroy, photographe de guerre, revient sur trois photos qu'elle a prises d'un GI médecin pendant un assaut, lors de la guerre du Vietnam. Elle décrit l'action puis dit ensuite pourquoi elle les a réalisées : "Je crois que je voulais que ça ne s'oublie pas, c'était important pour moi qu'il ne soit pas oublié..."
Daniel Camus, reporter-photographe à Paris Match, parle de la dangerosité de son métier. Mais il ne pense pas au danger lorsqu'il est sur une affaire. Lors de manifestations, il prend le risque de se faire lyncher ou matraquer...